L’agriculture industrielle et d’exportation occupe une place importante dans l’économie ivoirienne, avec une contribution estimée à 7,8% du PIB et 54,6 % de la valeur ajoutée du secteur primaire en 2023.

La vision globale du Gouvernement en la matière est de promouvoir « une agriculture ivoirienne durable, compétitive et créatrice de richesses équitablement partagées ». Dans ce cadre, un premier Programme National d’Investissement Agricole, ayant mobilisé 1600 milliards FCFA sur 2040 milliards F a été mis en œuvre sur la période 2012 – 2017 (PNIA 1), puis un second programme, le PNIA 2, couvrant la période 2018 – 2025.

Le PNIA 2 dont le coût est de 12 315 milliards repartis entre les investissements Public (35%) et Privé (65%), est un moteur clé dans la transformation des produits agricoles et le développement agricole.

La stratégie de développement repose sur :

  • le regroupement des différentes régions du pays en Agro-Pôles sur la base de critères agro-écologiques, administratifs, sociaux et économiques ;

  • la promotion d’une agriculture durable.

Caractérisation des Agro-Pôles

Un Agro-pôle est un regroupement selon les critères agro-écologiques, qui permet aux cultures nécessitant des conditions climatiques similaires d’être priorisées dans les mêmes zones. Il permet aux producteurs de bénéficier, de services gouvernementaux spécifiques tels que les services de vulgarisation, de subventions et de distribution d’intrants.

Neuf (9) Agro-Pôles ont ainsi été identifiés sur la base de ces regroupements depuis 2019. La carte ci-dessous (figure 1) illustre le zonage proposé et les cultures industrielles d’exportation concernées (tableau 1).

À ce jour, deux (2) de ces Agro-Pôles sont mis en œuvre pour un financement public de 247,4 milliards FCFA. Il s’agit de :

  • l’Agro-Pôle 4 à travers le Projet de Pôles Agro-Industriels-2PAI-Centre pour un montant de 80 milliards FCFA ;

  • l’Agro-Pôle 1 à travers le Projet de Pôles Agro-Industriels -2PAI-Nord pour un montant de 167,4 milliards FCFA.

Ils ont permis de mobiliser plus de 200 millions de dollars d’investissements, favorisant ainsi l'émergence de nouvelles entreprises agro-industrielles et la création d'emplois. Ces Agro-Pôles, en tant que piliers du PNIA 2, ont vu leur fonctionnement s'intensifier, avec un accent sur la diversification des cultures, la formation des agriculteurs, l'accès aux intrants agricoles, le stockage des produits dans des centres de groupage de produits vivriers et surtout la transformation des produits.

Carte des Agro-Pôles de la Cote d’Ivoire

Sources: MEMINADERPV/DSDI

 

Les principales cultures industrielles et d’exportation des Agro-Pôles

Zones

Cultures industrielles et d’exportation concernées

Statut

Agro-Pôle1

Coton, Anacarde, Mangue, Banane, canne à sucre

En activité

Agro-Pôle2

Anacarde

Démarrage prévu pour 2025

Agro-Pôle3

Café, Cacao, Hévéa, Palmier à huile

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle4

Café, Cacao, Anacarde

En activité

Agro-Pôle5

Hévéa, Palmier à huile, Cacao

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle6

Cacao, Anacarde, Agrumes

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle7

Cacao, Café, Hévéa, Palmier à huile

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle8

Anacarde, Coton

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle9

Café, Cacao

Recherche de financement en cours

 Sources: MEMINADERPV/DSDI

 

Productions des cultures industrielles et d’exportation

 

Les principales cultures industrielles et d’exportation sont : le café, le cacao, l’hévéa, le palmier à huile, le coton, l’anacarde, la banane, l’ananas, la mangue et la canne à sucre.

  • Cacao et café

Le binôme café-cacao représente un pilier essentiel de l’économie ivoirienne. Conscient de son rôle prépondérant dans l’économie, le Gouvernement de Côte d’Ivoire a entrepris une série de réformes, avec notamment la mise en place du Conseil du Café-Cacao (CCC) comme seule structure de régulation de la filière.

  • Cacao

La Côte d’Ivoire reste à fin 2023, le premier producteur et exportateur mondial de cacao fèves. Toutefois la culture cacaoyère est soumise à plusieurs facteurs qui ont limité son évolution en 2023.

Après avoir passé la barre des deux (2) millions de tonnes sur la période 2017- 2022, grâce à l’accroissement des rendements liée à l’introduction de nouvelles variétés plus productive et à l’entrée en production de nouvelles plantations, la production s’est affichée à 1 822 320 tonnes en 2023 en repli de 22,7% par rapport à l’année 2022. Cela résulte de facteurs climatiques défavorables notamment des précipitations excessives dans les zones cacaoyères.

Par ailleurs, en vue de favoriser les prix bord champ rémunérateurs, la Côte d’Ivoire et le Ghana se sont engagés à accentuer leur coopération en matière de production depuis 2021. Ainsi, la Côte d’Ivoire souhaite limiter sa production à deux millions de tonnes. Par conséquent, le gouvernement a réduit la distribution de semences et lutte contre le développement de plantations dans les forêts classées.

La qualité de la production a été améliorée significativement depuis 2015 grâce au dispositif de contrôle et de suivi mis en place, couplé avec la formation des producteurs aux bonnes pratiques agricoles.

 

Statistiques sur le cacao fèves

 

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Production (en milliers de tonnes)

1826,1

1634,3

2033,5

2112,5

2235,7

2172,7

2228,4 

2358,9

1822,4

Superficie cultivée (ha)

ND

ND

ND

ND

3 516 521

3 513 775

3 577 495

3 562 237

3 564 372

Variation en %

NC 

-10,5

24,4

3,9

5,8

-2,8

2,6

5,9

-22,7

Quantité de cacao fèves transformées

527,9

491,5

577,0

ND

604,8

596,4

619,5

636,9

790,8

Variation en %

AD 

-6,9

17,4

ND 

ND 

-1,4

3,9

2,8

24,2

Taux de transformation (%)

29

30

28

ND

27

28

28

27

34

 Sources: MEMINADERPV; CCC

ND: Non Disponible

NC: Non Calculé

 Café

La production de café a subi de fortes baisses sur la période 2015- 2023 dues (i) à la mauvaise répartition des pluies au moment de la floraison des caféiers, (ii) à l’insuffisance de la fourniture des semences améliorées, (iii) aux difficultés financières et au vieillissement du verger. Ainsi, la production est passée de 95 519 tonnes en 2022 à 46 932 tonnes en 2023 soit une baisse de 50,9%.

Il est également important de noter que la production de café est cyclique, avec des fluctuations naturelles où une hausse de production peut être suivie d'une baisse liée à un repos végétatif.

 

Statistiques sur le café

 

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Production (en milliers de tonnes)

126,1

107,6

32,6

122,6

95,2

82,4

62,2

95,5

46,9

Superficie cultivée (ha)

ND

ND

ND

ND

417 836 

404 9270 

389 433 

378 380

371 429

Variation en %

NC 

-14,7

-69,7

276,1

-22,3

-13,4

-24,5

52,6

-50,6

Quantité de café transformé (en milliers de tonnes)

19,2

12,1

9,8

ND

15

17,7

17

9,5

15,8

Variation en %

NC 

-37,0

-19,0

ND

ND

18,0

-4,0

-44,1

66,3

Taux de transformation (%)

15

11

29

ND

18

51

28

10

34

  Sources: MEMINADERPV; CCC

 

  • Hévéa et palmier à huile

Les filières hévéa et palmier à huile constituent des secteurs importants de l’agriculture ivoirienne. Ces deux produits occupent une place importante dans l’activité industrielle car ils ont les taux de transformation les plus élevés parmi les spéculations de l’agriculture industrielle et d’exportation.

La régulation des filières hévéa et palmier à huile est assurée par le Conseil Hévéa Palmier à Huile (CHPH) depuis 2017.

  • Hévéa

La Côte d’Ivoire est le 1er producteur de caoutchouc en Afrique. Sur la période 2015-2023, la production de caoutchouc a quadruplé pour atteindre 1 678 061,8 tonnes en 2023 contre 350 309 tonnes en 2015. Elle bénéficie des actions de promotion du Fonds de Développement Hévéa (FDH).

Le taux de transformation de l’hévéa en produits semi-finis était de 100% jusqu’en 2015. Depuis cette date, avec le « boom » de la production, les capacités de transformation se sont avérées insuffisantes. Ainsi, le taux de transformation est descendu à 80% ; ce qui a entraîné l’installation d’opérateurs comme acheteurs de caoutchouc fond de tasse (humide) pour l’exportation directe.

Pour raffermir la transformation, le Gouvernement a décidé, à travers l’ordonnance 2019-826 du 9 octobre 2019, l’instauration de mesures fiscales incitatives spécifiques aux investissements réalisés dans le secteur de la transformation de l’hévéa.

  • Palmier à huile

La production de régime de palme s’est accrue de 4,8% en moyenne annuelle sur la période 2015-2023. Elle bénéficie de : (i) la mise à disposition des plants améliorés aux producteurs sur la base d’un mécanisme de subvention ; (ii) la mise en place du mécanisme de financement des engrais en faveur des producteurs de régimes de palme ; (iii) du financement des infrastructures sociales de base (écoles, forages, centres de santé, etc.).

La production nationale des régimes de palme est entièrement transformée sur place en huile brute par quarante-quatre (44) unités de première transformation. Une deuxième transformation est faite au niveau local par les quatre (4) principales industries. Les produits dérivés de cette deuxième transformation sont vendus sur le marché national (75%) et sur le marché sous régional - zone UEMOA (25%).

La production de l’huile de palme a augmenté de 2,9% en moyenne annuelle sur la période 2015- 2023.

 

Evolution des productions de caoutchouc sec, de régimes de palme et d’huile de palme (en milliers de tonnes)

 

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Caoutchouc sec 

350,3 

453 

606,4 

624,1 

780,1 

949,3 

1100,4 

1 320,1 

1 678,1 

Régime de palme 

1788,8 

2018,7 

2281,6 

2336 

2445 

2346,7 

2762,6 

2489,4 

2 605,7  

Huile de palme brute 

447,2 

453,2 

482 

513,9 

535,4 

514,5 

601,3 

541,5 

562,6 

 Sources: MEMINADERPV; CHPH

 

Superficies cultivées (en hectares)

 

2015 

2016 

2017 

2018 

2019 

2020 

2021 

2022 

2023 

Hévéa 

ND

ND

ND

ND

701 481,0 

703 696,0 

722 502,0 

722 502,7

722 502,7

Palmier à huile 

ND

ND

ND

ND

334 520,0  

334 520,0  

352 918,3 

352 918,3

352 918,3

  Sources: MEMINADERPV; CHPH

 

  • Coton et anacarde

Le coton et l’anacarde occupent une place importante dans l’agriculture industrielle et d’exportation. Ces deux spéculations sont essentiellement exploitées dans le Nord et le Centre du pays. Toutefois pour l’anacarde, il est enregistré une importante présence à l’Est. Le coton est une culture annuelle qui dispose d’un schéma d’organisation très élaboré qui permet un meilleur accompagnement des producteurs. L’anacardier contribue à la lutte contre l’avancée du désert dans le nord du pays et est devenu la principale culture de rente dans cette zone.

La régulation des deux filières est assurée par le Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA).

  • Coton

La production de coton graine a connu une hausse continue depuis la campagne 2015/2016 avec une production qui est passée de 310 177 tonnes à 539 623 tonnes en 2021/2022, soit une augmentation de 9,7% en moyenne annuelle sur la période. Cependant en juillet 2022, les attaques de « jassides » (Amrasca biguttula) dans le bassin cotonnier ont occasionné une baisse de 56,2% de la production de la campagne 2022/ 2023, comparée à celle de la campagne précédente, pour se située à 236 628 tonnes.

Une reprise progressive est observée sur la campagne 2023/2024 avec une production en hausse de 47,0%.

  • Anacarde

Quant à la production de noix de cajou, elle a progressé de 7,2% en moyenne annuelle sur la période 2015-2023, atteignant 1 225 935 tonnes en 2023. Elle a bénéficié de conditions climatiques favorables et de bonnes pratiques agricoles qui ont permis d’améliorer les rendements des vergers.

 

Statistiques sur le coton graine

 

2014/2015

2015/2016

2016/2017

2017/2018

2018/2019

2019/2020

2020/2021

2021/2022

2022/2023

Productions (en milliers de tonnes)

450,1

310,2 

328,1 

412,6 

469,0 

490,4 

559,5 

539,6 

236,6

Superficie cultivée (ha)

ND

ND

ND

ND

392 165 

408 526 

444 870 

475 654

410 683

  Sources: MEMINADERPV; CCA

Statistiques sur la noix de cajou

 

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Productions (en milliers de tonnes) 

702,5 

649,6 

711,2 

761,3 

634,6 

848,7 

968,7 

1 028,2 

1 225,9 

Superficie cultivée (ha)

ND

ND

ND

ND

1 363 534 

1 400 000 

1 407 000 

1 414 000

1 421 105

 Sources: MEMINADERPV; CCA

  • Cultures fruitières

La banane dessert constitue la principale culture fruitière d’exportation de la Côte d’Ivoire. Elle est suivie par la mangue et l’ananas. La Côte d’Ivoire est le 1er producteur africain de banane dessert et le 1er exportateur africain de mangue.

Entre 2015 et 2023, les productions de banane dessert, de mangue et d’ananas ont enregistré, en moyenne annuelle, des taux respectifs de (+6,1%), (+10,7%) et (-8,2%).

 

Evolution des productions des cultures fruitières (en milliers de tonnes) 

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Mangue 

79,8 

100,0 

120,0 

120,0 

120,0 

120,0 

180,0 

180,0

180,0 

Ananas 

49,8 

38,9 

40,0 

45,0 

40,0 

40,0 

39,9 

54,0 

23,6 

Banane dessert

529,7 

345,7 

385,0 

396,0 

527,0 

480,0 

550,0 

651,5 

850 

 Sources: Organisation Centrale des producteurs et exportateurs d'Ananas et de Bananes (OCAB) ; Organisation des producteurs et exportateurs de Bananes, Ananas, de Mangues, et autres fruits de Cote d'Ivoire (OBAM-CI).

 

Documents de référence :

  • Orientations stratégiques PND 2021-2025, Tome 2
  • Rapport PNIA 2, Septembre 2017
  • Rapport PNIA 2, Septembre 2023
  • Annuaire de statistiques agricoles, édition 2019 – 2021

Annuaire des statistiques agricoles, édition 2022-2023