La stratégie de développement de l’agriculture vivrière s’inscrit dans la vision globale du Gouvernement ivoirien qui est d’avoir : « une agriculture ivoirienne durable, compétitive et créatrice de richesses équitablement partagées » et de se conformer notamment à l’objectif N°2 des Objectifs de Développement Durable -ODD- qui appelle les pays à éradiquer la faim et toutes formes de malnutrition.

Dans ce cadre, un premier Programme National d’Investissement Agricole, ayant mobilisé 1600 milliards FCFA sur 2040 milliards F a été mis en œuvre sur la période 2012 – 2017 (PNIA 1), puis un second programme, le PNIA 2 portant sur la période 2018 – 2025.

Le PNIA 2 dont le coût est de 12 315 milliards repartis entre les investissements Public (35%) et Privé (65%), est un moteur clé dans la transformation des produits agricoles et le développement agricole.

La stratégie de développement repose sur :

  • le regroupement des différentes régions du pays en Agro-Pôles sur la base de critères agro-écologiques, administratifs, sociaux et économiques ;

  • la promotion d’une agriculture durable.

  • Caractérisation des Agro-Pôles

Un Agro-pôle est un regroupement selon les critères agro-écologiques, qui permet aux cultures nécessitant des conditions climatiques similaires d’être priorisées dans les mêmes zones. Il permet aux producteurs de bénéficier, de services gouvernementaux spécifiques tels que les services de vulgarisation, de subventions et de distribution d’intrants.

Neuf (9) Agro-Pôles ont ainsi été identifiés sur la base de ces regroupements depuis 2019. La carte ci-dessous (figure 1) illustre le zonage proposé et les cultures industrielles d’exportation concernées (tableau 1).

À ce jour, deux (2) de ces Agro-Pôles sont mis en œuvre pour un financement public de 247,4 milliards FCFA. Il s’agit de :

  • l’Agro-Pôle 4 à travers le Projet de Pôles Agro-Industriels-2PAI-Centre pour un montant de 80 milliards FCFA ;

  • l’Agro-Pôle 1 à travers le Projet de Pôles Agro-Industriels -2PAI-Nord pour un montant de 167,4 milliards FCFA.

Ils ont permis de mobiliser plus de 200 millions de dollars d’investissements, favorisant ainsi l'émergence de nouvelles entreprises agro-industrielles et la création d'emplois. Ces Agro-Pôles, en tant que piliers du PNIA 2, ont vu leur fonctionnement s'intensifier, avec un accent sur la diversification des cultures, la formation des agriculteurs, l'accès aux intrants agricoles, le stockage des produits dans des centres de groupage de produits vivriers et surtout la transformation des produits.

Pour l’année 2023, les productions vivrières, dans leur ensemble, ont enregistré une bonne progression, avec plus de 22, 5 millions de tonnes contre 20,4 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 9,8%.

 

Carte des Agro-Pôles de la Cote d’Ivoire

Sources: MEMINADERPV/DSDI

 

Principales cultures vivrières des Agro-Pôles

Zone

Cultures vivrières concernées

Statut

Agro-Pôle1

Mais, Riz, oignon

En activité

Agro-Pôle2

Igname, Maraichères

Démarrage prévu pour 2025

Agro-Pôle3

Manioc, Banane plantain, Maraichères

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle4

Igname, Manioc, Riz

En activité

Agro-Pôle5

Riz, Maraichères, Manioc

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle6

Igname, Manioc, Riz

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle7

Manioc, Banane plantain, Riz

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle8

Riz, Mais, Soja

Recherche de financement en cours

Agro-Pôle9

Riz, Manioc

Recherche de financement en cours

Sources: MEMINADERPV/DSDI


 

  • Productions des cultures vivrières

  • Cultures céréalières

Les principales céréales produites par la Côte d’Ivoire sont dans l’ordre le riz paddy, le maïs, le sorgho et le mil.

Les productions de maïs, de mil et de sorgho affichent respectivement, entre 2015 et 2023, des taux d’accroissement moyen annuel de 5,7%, 1,5%, et 2,0%.

La culture de maïs bénéficie de la production et distribution de semences, la distribution des intrants (matériel végétal et engrais).

Quant au riz, l’une des principales denrées de base, sa production a baissé de 7,2% en moyenne annuelle entre 2015 et 2020. Cette baisse est due entre autres à l’insuffisance de la fourniture des semences améliorées, aux capacités limitées de captage des unités de transformation et à l’insuffisance de financement de la filière paddy.

Toutefois, une reprise est observée à partir de 2020 avec un accroissement moyen annuel de 10,7% entre 2020 et 2023 grâce aux réformes engagées, notamment une extension des superficies emblavées et une intensification avec une meilleure productivité (rendement moyen passé de 2,3 tonnes /hectare en 2020 à 2,8 tonnes /hectare en 2023).

Les cultures de céréales telles que le mil, le sorgho et le fonio, bien que bénéficiant des efforts de mécanisation de la filière pour la culture et la récolte, souffrent des effets du changement climatique, du manque de main d’œuvre et des dégâts causés par les bétails.

Production des principales céréales en milliers de tonnes

 

Céréales

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Riz (paddy)

2152,9

2054,5

2119,6

2006,8

188,4

1481,2

1659

1703,5

2 011,5

Maïs

906,1

967,2

1025,2

1055

1102,4

1175,7

1139,6

1199,3

1416,2

Mil

55,2

58,3

61,6

63,8

66,2

69,5

67,4

70,1

62,1

Sorgho

55,1

58,8

63,1

65,8

67,9

72,2

70,2

73,3

65,4

Sources: MEMINADERPV/DSDI

 

  •  Tubercules et plantains

Les principaux tubercules produits en Côte d’Ivoire sont l’igname, le manioc et la banane plantain qui ont enregistré respectivement des accroissements moyens annuels de 1,5%, 8,2% et 3,6% entre 2015 et 2023.

La Côte d’Ivoire produit également de la patate douce et du taro qui ont progressé en moyenne annuelle respectivement de 2,4% et 1,7% de 2015 à 2023.

La filière manioc a représenté plus de 45% de la production de tubercules en 2023. Elle a bénéficié de plusieurs programmes pour accroitre la production, notamment le Projet d'Appui au Développement des Filières Manioc et Maraichers (PRO2M) et le PNIA 2.

Productions des principaux racines, tubercules et plantains en milliers de tonnes

Racines, tubercules et plantains

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

Igname

6649,9

6894,5

7148,1

7391,1

7450,5

7654,6

7589,8

7786,1

7 471,7

Manioc

4390,9

5269,1

5366,5

5608

5877,2

6443,6

6302,3

6804,1

8248,2

Banane plantain

1739,1

1809,3

1882,3

1955,7

2030

2082,8

2030,6

2109,3

2311,7

Patate douce

50,9

52,4

54,1

55,6

57,2

58,0

56,8

58,7

61,5

Taro

78,4

80,7

83,1

85,3

87,9

89,2

87,7

90,4

89,4

Sources: MEMINADERPV/DSDI

 

  • Cultures maraîchères et légumineuses

Les principales cultures maraîchères produites en Côte d’Ivoire sont le gombo, l’aubergine, la tomate et le piment.

De 2015 à 2021, les productions de gombo et d’aubergine ont augmenté en moyenne annuelle de 4,2% et 2,1% respectivement.

Cependant en 2022, les productions de gombo et d’aubergine ont baissé respectivement de 58,8% et 18,1% par rapport à 2021. Cette situation s’explique par les attaques de « jassides » (insectes ravageurs) survenues en Juillet 2022 dans le bassin cotonnier. Les productions de gombo et d’aubergine ont rebondi en 2023 avec des hausses respectives de 114,9% et 34,4% grâce à la maîtrise de l’invasion des « jassides ».

La production de la tomate a connu une hausse continue depuis 2015 avec un taux de croissance moyen annuel de 4,2%.

Quant à l’arachide, principale légumineuse de la Côte d’Ivoire, sa production s’est accrue entre 2015 et 2023, à un taux annuel moyen de 5,6%.

La filière maraîchère bénéficie des retombées du Projet d’Aménagement Hydro-Agricole dans les Régions du Folon et du Kabadougou (PAHA FK) qui vise une production additionnelle annuelle de 4 800 tonnes ; du Projet d’Aménagements Hydro Agricoles dans les régions du Haut Sassandra et du Fromager (PAHAHSF) qui prévoit entre 4000 et 6160 tonnes de production supplémentaire.

En outre, le PRO2M a permis de (i) promouvoir une filière maraîchère plus professionnelle, performante, organisée et créatrice d’emplois, (ii) une production maraîchère annuelle d’environ 8 300 tonnes assurée en toute saison par plus de 2000 bénéficiaires (intégrant des femmes et des jeunes), 42 agro-entrepreneurs et 33 groupements.

 

Production des principales cultures maraîchères et légumineuses en millier de tonnes

Maraîchères et légumineuses

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022

2023

 Aubergine

96,3

99

101,8

103

106,1

109,1

107,5

88,1

118,3

Tomate

36,8

38,2

39,5

44,1

45,4

47,3

46,6

48,1

53,5

Gombo

147,3

152,5

157,9

176,1

181,3

188,7

186,1

76,7

164,8

Arachide

178,8

190,1

202,1

209,5

217,6

227,6

233,9

243,4

277,1

Sources: MEMINADERPV/DSDI

 

 
 

  • Défis et Perspectives

En perspective, en vue d’assurer la sécurité alimentaire, le Gouvernement ambitionne : (i) d’accroître les productions de riz, de maïs et de manioc à travers le renforcement des techniques de production agricole notamment par l’amélioration de l’accès au conseil agricole adapté dans le cadre du Projet de Programmes Agricoles d’Urgence (2PAU-CI), (ii) d’améliorer l'accès des ménages vulnérables aux denrées alimentaires et , (iii) d’organiser les réserves de sécurité alimentaire par la mise en place d’un cadre institutionnel de gestion des réserves alimentaires et d’infrastructures de stockage de sécurité alimentaire.

Les interventions du Gouvernement consisteront, également, à améliorer l’accès aux intrants de qualité par la mise en place et l’amélioration des infrastructures de traitement et de conservation des semences ainsi que le renforcement du dispositif de contrôle de la production, de la commercialisation et de l’utilisation des intrants.

Documents de référence :

  • Orientations stratégiques PND 2021-2025, Tome 2

  • Rapport PNIA 2, Septembre 2017

  • Rapport PNIA 2, Septembre 2023

  • Annuaire de statistiques agricoles, édition 2019 – 2021

  • Annuaire de statistiques agricoles, édition 2022 – 2023