L’activité de raffinerie est assurée par la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) qui détient également le monopole de l’importation du pétrole brut. Le pays a un profil pétrolier atypique, car il est importateur net de pétrole brut et exportateur net de produits raffinés. La Côte d’Ivoire exporte une partie de sa production de produits pétroliers raffinés vers l’hinterland (Mali, Burkina Faso) et par voie maritime (Export Mer), principalement vers le Nigeria.

• Production et consommation

En 2023, la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) a traité 3 344 572 tonnes métriques (TM) de pétrole brut pour une production de 4 844 367 TM de produits pétroliers contre 4 272 728 TM en 2022, soit une hausse de 13,4%. Les ventes de produits pétroliers se sont situées à 4 787 715 TM, en hausse de 10,13% comparées à 2022 (4 347 197 TM). Cette augmentation a résulté de la forte hausse des cotations des produits blancs depuis le déclenchement de la guerre Russie/Ukraine.

Sur la période 2016-2023, les ventes de produits pétroliers ont affiché une croissance en moyenne annuelle de 7%.

En 2023, le marché domestique a représenté 58% des ventes de la SIR, suivi par les exportations vers Mali (22%), les marchés Export Mer (13%) et les ventes au Burkina Faso (7%).

La consommation nationale de produits pétroliers liquides est passée de 1 589 194 m3 à 15°C en 2015 à 3 153 946m3 à 15°C en 2023, soit une croissance moyenne annuelle de 9%.

Source : Ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie, Annuaire de la Direction Générale des Hydrocarbures (DGH)

Consommation nationale de produits pétroliers liquides de 2015 à 2023

Source : Ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie, Annuaire DGH

La consommation nationale du gaz butane a connu une croissance moyenne annuelle de 13,3% passant de 241 887 TM en 2015 à 658 337 TM en 2023.

Consommation nationale de gaz butane en tonne métrique (TM) de 2015 à 2023

Source : Ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie, Annuaire DGH

• Stockage

Les activités de stockage et transport sont l’apanage de la Société de Gestion des Stocks Pétroliers en Côte d’Ivoire (GESTOCI) qui est une société d’économie mixte détenue par l’Etat et des sociétés privées distributrices de produits pétroliers. La capacité de stockage de produits pétroliers en 2023 a été de 473 097 m3 dont près de 85,39% détenues par la GESTOCI.

La capacité globale de stockage du gaz butane en Côte d’Ivoire est de 31 107 tonnes métriques en 2023, soit environ dix-sept (17) jours de consommation nationale.

• Transport

Le transport des produits pétroliers est assuré à fin 2023 principalement par un parc auto d’environ 4 985 camions citernes et par un pipeline Abidjan-Bouaké long de 385 km pour le ravitaillement des dépôts livranciers dont le tronçon Abidjan-Yamoussoukro, long de 258 km, est en exploitation depuis juillet 2013.

En 2023, un volume de produits de 1 729 752 186 litres à l’ambiant a été transporté via le pipeline, contre 1 815 748 019 litres en 2022, soit une baisse de 4,7% due entre autres à de nombreux arrêts de l’activité du pipeline, notamment pour les travaux de raccordement dudit pipeline à la station de boosting de PACOBO.

• Distribution

Les activités de distributions sur le territoire national sont soumises à la libre concurrence. Plus d’une cinquantaine d’acteurs exercent dans ce segment en 2023 dont les principaux sont Vivo Energy, TOTAL Energies, Ola Energy, Star Oil et Petro-Ivoire, représentant 51% du réseau national de 1 446 stations-services existantes.

• Prix

Les prix des produits pétroliers au niveau national sont la plupart du temps régulés à travers le mécanisme d’ajustement automatique des prix des produits pétroliers mis en place par le Gouvernement. Conformément à ce mécanisme, les prix des produits pétroliers sur le marché domestique reflètent les fluctuations des prix mondiaux du pétrole brut.

Par ailleurs, afin de garantir l’homogénéité des prix des produits pétroliers sur l’ensemble du territoire, un système de péréquation transport a été mis en place. Les ressources liées à cette péréquation sont collectées et gérées par la GESTOCI.

• Perspectives

L’environnement du raffinage africain devrait connaître à compter de 2024 de grands bouleversements et faire face à de nombreux défis notamment :

- La mise en service de nouvelles raffineries en Afrique de l’Ouest et Centrale (Dangoté au Nigéria et une raffinerie de 2 millions de tonnes au Ghana) ;

- Le développement des capacités de stockages des axes concurrentiels, notamment Dakar ;

- Les exigences environnementales sur la qualité des produits ;

- Le développement d’énergies alternatives aux fossiles pour la mobilité dans le cadre de la Transition Energétique.

Toutefois, le secteur devrait bénéficier de la hausse de la demande en produits pétroliers sur tous les marchés.

Dans ce contexte, la SIR devrait se tenir prête à relever les défis de la prochaine décennie. A cet effet, de grands projets sont prévus :

• Au titre de la mise aux normes des carburants :

  • la construction d’un complexe d’hydrodésulfuration du Gasoil prévue être mise en service en 2028 ;

  • la construction d’unité (s) de réduction du benzène dans l’essence et sa mise en service prévue en 2028.

• Au titre de l’amélioration de l’efficacité énergétique :

  • la mise en service d’une centrale de cogénération d’électricité et de vapeur au gaz naturel prévue en 2026.

• Au titre de l’adaptation de l’outil de production au marché :

  • l’augmentation de la capacité de traitement de brut par l’installation d’une Preflash et l’adaptation d’une unité annexe prévues en 2028 ;

  • la construction d’un nouveau reformeur régénératif (CCR) et sa mise en service prévue en 2028 ;

  • l’augmentation de la capacité de l’hydrocraqueur prévue en 2028.

• Au titre du développement logistique mer et terre :

  • la construction d’unités de stockage de pétrole brut et autres produits pétroliers et sa mise en service prévue en 2026.

• Au titre de l’intégration de la transition énergétique :

  • l’importation, le stockage et la regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL) ;

  • la prise en compte des nouvelles formes d’énergies pour la mobilité ;

  • la production de bio-carburants (Biodiesel, SAF, bio-essence) ;

  • la construction d’une unité de captation de CO₂ ;

  • la construction d’une unité de recyclable d’eau résiduaires.