Le Comité de politique monétaire (CPM) de la BCEAO, lors de sa session du 11 septembre 2024, a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés, malgré une inflation croissante dans la zone UEMOA. Le taux de refinancement reste fixé à 3,50 % et le taux du guichet de prêt marginal à 5,50 %, inchangés depuis décembre 2023. Cette décision contraste avec les politiques de baisse des taux adoptées par d'autres grandes banques centrales telles que la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (FED).
L'inflation a atteint 4,1 % au deuxième trimestre 2024, bien au-dessus de l'objectif de la BCEAO fixé entre 1 et 3 %. Cette hausse est attribuée à plusieurs facteurs, dont une mauvaise campagne agricole, des contraintes logistiques dues à des troubles sécuritaires, et la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l'énergie. La fermeture de certaines frontières régionales a exacerbé ces tensions. En juillet 2024, l'inflation était de 4,4 %, marquant une accélération continue depuis décembre 2023, où elle s'établissait à 2,3 %.
Malgré cette flambée des prix, la croissance économique de l'UEMOA reste robuste, avec un PIB réel en hausse de 5,3 % au deuxième trimestre 2024, et une prévision de croissance de 5,9 % pour l'ensemble de l'année. Toutefois, l'inflation reste une source d'inquiétude, avec des prévisions de 3,7 % pour 2024, avant un retour potentiel dans la fourchette cible en 2025, sous réserve d'une amélioration des conditions agricoles et d'une baisse des prix mondiaux des denrées alimentaires.
Le maintien des taux élevés a pour conséquence directe des rendements obligataires supérieurs à 7 % pour les titres souverains des États membres de l'UEMOA. Certains pays, comme le Niger, voient leurs rendements atteindre jusqu'à 9 % ou 10 %, augmentant le coût du service de la dette publique. Les banques commerciales, qui empruntent à 5,5 % sur le guichet marginal, répercutent cette hausse sur les crédits, rendant le coût du financement élevé pour les entreprises et les ménages.
La BCEAO doit naviguer entre ces pressions inflationnistes et la nécessité de soutenir la croissance économique, tout en gérant les risques liés à l'endettement public et à un environnement géopolitique et climatique incertain. Des décisions monétaires cruciales seront attendues dans les prochains mois, en fonction de l'évolution de ces variables économiques clés.
Source : Agence ecofin, Rédaction Portail web MEPD